Twane : “Je me suis autorisé à vivre de ma passion : la peinture”
Jeune artiste émergeant du moment, Twane réalise le plus souvent des œuvres d’ordre symbolique, harmonisant passion, talent et partage, Twane ne cesse de s’épanouir dans son art depuis 2019. Je vous invite à venir à sa rencontre à travers cette interview.
Qui es-tu Twane ?
Je m’appelle Antoine, j’ai 24 ans, je fais de l’art et plus particulièrement du graffiti, cela fait à peu près 1 an que je suis à mon compte et j’essaie d’en vivre. Je suis originaire de Saint-Étienne vers Rive-de-Gier, et maintenant je vis à Lyon. Petit, je faisais plutôt de la musique, beaucoup de piano et avec le temps je me suis plus intéressé aux arts plastiques.
Quel parcours as-tu suivi ?
Le dessin de film d’animation était quelque chose qui m’intéressait. Alors j’ai suivi une école spécialisée et pendant 4 ans j’ai fait de l’animation 3D, mais le côté trop numérique m’a bloqué. À côté, j’avais une passion pour la bombe et le graff, par la suite j’ai réalisé un stage aux côtés de Kalouf, et Romain Lardanchet. J’avais beaucoup de doutes mais le stage m’a conforté dans l’idée de me lancer, en me confirmant que c’était possible. C’est ce que j’ai fait et aujourd’hui je travaille dans cet univers.
Pourquoi les oiseaux et la nature ?
Mon objectif est d’apporter de l’émerveillement, je veux égayer le monde et apporter quelque chose en plus, un message assez positif. Mes projets s’inspirent toujours de la nature, j’ai fais aussi des fresques qui revendiquaient des messages forts, je pense notamment à une fresque avec le mouvement “Extinction Rébellion”, qui s’attaque aux grandes multinationales, avec qui on a eu un projet de fresque sur le thème de la revégétalisation des murs à côté de Perrache. Le bio mimétisme est aussi un concept intéressant, c’est s’inspirer du vivant pour l’allier à l’innovation. Il y a plein de choses que l’on construit maintenant qui s’inspirent de la nature. Quand je vois des oiseaux voler je m’évade et je m’imagine avec eux. De plus, ils ont la plupart du temps des silhouettes et des couleurs tellement attirantes, il est difficile de reproduire toute leur variété de couleurs et de texture avec de la peinture. C’est fascinant. J’ai grandi à la campagne et j’ai un côté proche de la nature dans le Parc du Pilat. En forêt, ce sont des moments simples où je rentre dans le même état que lorsque je peins. Un état de flot où tout est connecté en moi et j’ai comme une impression de grande lucidité. On croirait voler. De plus, la nature est un merveilleux laboratoire riche en ingéniosité je ne pense pas que l’on puisse faire mieux qu’elle.
Compagnons des pavillons, 2021 © TwaneComment s’organisent tes processus créatifs ?
Mes processus créatifs varient, j’ai une idée je fais une phase de recherches et de croquis, je passe assez rapidement à la production, je suis très impatient et spontané. Je fais de l’aquarelle, de l’acrylique, de l’aérosol, du dessin normal avec des crayons, des stylos. J’utilise également de l’encre de Chine. En terme de supports, ce sont le plus souvent des murs, des toiles, du bois, des vitrines, le mur et l’extérieur sont mes médiums préférés. Je préfère clairement peindre dehors du graff : aux pinceaux, bombes, et pochoirs. Je m’essaye aussi à de nouveaux supports et techniques, je me mets petit à petit au textile, et je réalise également des collaborations pour faire des customisations de peintures sur textiles.
Quels sont tes projets favoris ?
Je pense à deux projets en particulier, premièrement le tableau “Récoltons ce que nous semons” à Saint-Ouen, vers Paris au “Prix du graffiti”où j’ai pu réaliser une de mes premières expositions.
En seconde position, je pense également à la fresque “Floraison” que j’ai réalisé Place Guichard à Lyon dans le IIIe arrondissement, j’ai répondu à un appel à projet de la Ville de Lyon, il s’agissait de ma première grosse commande publique pour la ville.
Quel est ton dernier projet ?
Mon dernier projet c’est le projet pour lequel nous avons repeint une salle de classe celle d’une classe de STMG. On a réalisé ce projet ensemble avec les élèves, ils ont pu choisir au maximum ce qu’ils voulaient notamment au niveau des couleurs, ce qu’ils allaient écrire, leurs logos. Pour la plus part ce sont des élèves en difficultés, l’objectif était aussi de faire en sorte qu’ils puissent se sentir à l’aise dans leur salle de classe, qu’ils se l’approprient comme si ils étaient chez eux. Cela a duré 2 jours et c’était des moments riches en échanges. Ils viennent tous de milieux et d’horizons différents, et on a pu discuter de plein de choses, de leurs visions de la vie. J’ai eu beaucoup de retours positifs. J’aime bien le côté “social” avec des enfants et des jeunes ados, j’aime également les projets participatifs dans les lycées, les centres aérés…
Et celui qui t’a le plus marqué ?
Le projet du “Groot” au Cours Suchet à côté de Perrache. C’est le projet qui m’a le plus marqué c’était un projet vandal où on a vécu 3 jours de stress. Notre objectif était de réaliser une fresque en représentant Groot et de planter des vignes autour pour le recouvrir des années plus tard. On avait choisi de le réaliser sur un bâtiment assez spécial… Celui de la sécurité SNCF, le pôle de sureté ferroviaire spécialisé dans l’arrestation des tagueurs. Par malchance, on est tombé sur la responsable, mais heureusement on lui a expliqué notre projet et elle a trop aimé ce qu’on voulait faire. Par coïncidence elle nous a expliqué que, pas plus tard que la veille, elle avait offert la même peluche à sa fille qui en était fan… On est ensuite tombé sur la police, mais ils nous ont aussi soutenu sur la réalisation du projet. Pour le réaliser on était 4 artistes : il y avait Sedlex pour le pochoir, Grumou pour la peinture et le graphisme et Alex Urien pour la conception et la peinture également. Niveau technicité, ça a été riche en apport de connaissances. Et niveau ressenti c’est aussi un projet qui me tient vraiment à cœur.
Une expérience en particulier ?
Celle du Zoo Art Show, dans le cadre du festival Zoo XXL j’ai exposé et peint avec Shab le hall d’entrée en septembre de l’année dernière. C’était marquant dans le sens où j’ai découvert beaucoup de choses dont le fonctionnement du milieu de l’art, avec le marché de l’art et le fait d’exposer. J’ai aussi rencontré beaucoup de gens. C’était assez chouette. On m’a par la suite recontacté en lien avec le festival.
Des collaborations ?
Je collabore principalement avec Nicolas Reynaud (un photographe de voyage), Capie (un graffeur), Sharon Swan (un tatoueur), Fazfara (une illustratrice en jeux de société), Tony Noël (un photographe), et d’autres amis tout autant passionnés comme : Julius, Sedlex (un pochoiriste) et Adventis avec qui j’ai fait mon premier graff.
J’ai une profonde reconnaissance pour Kalouf et Romain Lardanchet qui m’ont fait prendre confiance en moi au début.
Quels sont tes prochains projets ?
Mon futur gros projet personnel, que j’aimerai réalisé en 2022 est de peindre un mur en face de l’hôpital du VIIIe, il serait visible pour les enfants atteints de cancer, l’idée c’est de leur apporter un message d’espoir. Ce serait une colombe ou un perroquet blanc qui soulève une cage avec un fil blanc (symbolisant la vie), dans la cage il y aurait un oiseau enfermé mais qui peut enfin prendre le vent. L’idée c’est que même si t’es pas dans le nid c’est pas terminé.
J’aimerai aussi mener un projet pour un centre de réhabilitation, dans l’idée j’aimerai réaliser une fresque avec l’image d’un phœnix qui se relève, comme l’image d’une symbolique. L’espoir c’est l’un des messages que je préfère.
Un des projets qui m’anime le plus de réaliser, c’est celui avec ma sœur Lucie Fayolle qui est tromboniste, on voudrait monter un festival mélangeant street art et musique classique. On va se donner pour le faire. Je teste beaucoup de choses, je me trompe beaucoup, mais je continue à créer sans cesse.
À coté de ça, avec des amis on a monté une association qui s’appelle “Les Bazuts” pour monter un festival avec plusieurs disciplines et programmer des artistes, à Saint-Étienne. Notre but est de promouvoir des artistes et les aider à s’élancer quelque soit le style.
Plus tard, je voudrai pouvoir partir léger avec un sac et de quoi dessiner, aller chez des gens qu’ils me racontent leurs histoires et faire une décoration chez eux en lien avec leurs histoires.
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Propos recueillis par Ségolène Geoffroy
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